Voilà trois semaines environ que nous avons bloqué un créneau de deux jours, pour une nouvelle sortie aéronautique. Nous sommes vendredi 03 décembre 2010, peu avant neuf heures du matin, j'arrive au club. Christian est déjà sur place. Thierry arrive juste derrière moi ... y'a pas à dire, nous sommes ponctuels.  Une fois la logistique réglée, nous prenons la météo pour nous assurer que la destination envisagée sera accessible. Nous avions prévu d'aller sur Arcachon, en faisant une escale déjeuner sur Agen. La Temsi nous en dissuade, la neige tombe à gros flocons sur le littoral atlantique et Agen est dans la crasse, avec une faible visibilité mais surtout un plafond à ras les pâquerettes.

      Déjà sur Avignon, le brouillard commence à peine à se dissiper, et nous prenons la décision de changer de destination. On va la jouer multi-cartes. J'appelle Perpignan par téléphone pour déposer une intention de vol  pour une arrivée aux alentours de midi. L'idée est d'aller sur Toulouse, mais dans la mesure où les TAF de Carcassonne et Toulouse annoncent des averses de neige, on va partir dans un premier temps  sur Lézignan. Ce point de décision nous permettra selon les conditions sur place soit de poursuivre sur Carcassonne, soit se dérouter sur Perpignan où l'on sait déjà que la météo sera bonne. 

     En salle de briefing, Thierry assiste Christian à constituer le nouveau LOG de navigation. Notre sortie se veut aussi pédagogique vis à vis de Christian, mais également vis à vis de nous même qui sommes à la recherche d'expériences nouvelles. Je prends les derniers Notam et SupAip, c'est parfait nous sommes fin prêts. Le vol a été défini de la manière suivante : Avignon - Montpellier - Béziers - Lézignan - Carcassonne. Si météo trop mauvaise dans les Corbières, on se déroute sur Perpignan. Ce plan B fait parti de notre préparation de vol.  

    Prévol terminée, les pleins sont faits, nous sommes désormais à bord de notre appareil, Piper Archer III Avidyne, le Mike Sierra. Moteur allumé, j'ai rentré les points tournants dans le GNS 430 pour anticiper un éventuel souci météo qui nous mettrait dans une situation inconfortable. Christian assis à l'arrière installe son Log sur les genou et son GPS personnel monté avec l'application NAVI : il se sera notre "Navigateur" ; et surtout pour lui assurer la gestion et le suivi du Log comme il le gère déjà avec son FI. En place droite, Thierry en copilote de notre belle expédition. Il va s'occuper de la prise de clichés tout au long de cette branche. Mon caméscope reste pour le moment dans le sac, cette branche aller a déjà été réalisée de plusieurs façon différente, donc on se contentera de clichés seulement.


Première partie du vol
 

    J'appelle maintenant Avignon Sol pour obtenir les consignes de roulage pour un vol à destination de Carcassonne. Parfait on doit rappeler en Charlie (point d'arrêt à la mi piste), et le contrôleur rajoute qu'il nous donne une clearence VFR Spécial. Pourtant vu du sol, nous n'avons pas l'impression que cela soit nécessaire. Je collationne pour le VFR Spécial. C'est une première pour moi, en solo.

 « Une clairance VFR spécial est nécessaire pour pénétrer ou évoluer dans la circulation d'aérodrome d'un aérodrome contrôlé situé dans une zone de contrôle, ou dans une zone de contrôle spécialisée, lorsque les paramètres communiqués par l'organisme de la circulation aérienne font état d'une visibilité au sol inférieure à 5000 mètres ou d'un plafond inférieur à 1500 pieds. » (RCA 1-4.2.1)

    Roulage au point d'arrêt Charlie, on remonte, on s'aligne et nous décollons en piste 17. La montée se fait en air calme. Toujours en montée initiale, je réalise de la clearence. On passe une minuscule couche de brume et maintenant que nous sommes à 500 ft sol, je vire à droite et sommes quasiment sur du ON TOP tellement la brume masque la surface du sol.


Moins de deux minutes après le décollage,
en vent traversier cap au 270.



     J'arrive au point Whisky, je quitte la Tour et m'annonce à Rhône Info qui nous accorde une directe sur le VOR de Fréjorgues à 2000 ft QNH. Le temps que Christian renseigne son log de navigation, Thierry profite de ce spectacle peu ordinaire en Provence, pour mitrailler de clichés ...
 
 
Secteur Aramon
 
Cheminée qui dépasse juste de la brume
 
Secteur des Alpilles
 
     Nous passons travers ville de Nîmes quand soudainement, le contrôle nous informe d'un trafic dans nos une heure. Juste devant nous, nous voyons un DC10 en montée initiale sortant de la brume, au décollage de Nîmes Garons. Nous avons trois minutes pour éviter au maximum sa turbulence de sillage. Thierry à la montre, je fais un léger écart sur ma gauche pour passer en seuil de piste opposé et s'éviter des secousses inutiles. Je coupe les axes trois minutes après le décollage du Douglas, et malgré ça, nous ressentons durant un instant un effet de roulis assez marqué sans être non plus inquiétant. Comme quoi, il était important se s'en occuper.
 

Le DC10 en montée
 

     Au fur et à mesure que l'on se rapproche du littoral méditerranéen, le ciel s'éclaircie. On passe maintenant les installations de LFMT, Montpellier Méditerranée. Verticale des pistes à 2000 ft, je poursuis sur le point Sierra de la CTR. Exercices IFR du Céfa en cours, on nous tient à l'écart. J'aurais préféré une directe sur le NDB de Béziers, bein se sera un survol de la ville de Sète et de l'étang de Thau qui est le plus grand étang de la région Languedoc-Roussillon, d'une superficie d'environ 7 500 hectares  ... y'a quand même pire comme itinéraire imposé !
 
 
Frontignan
 
Ville de Sète
 
Lagune avec étang de Thau à droite
 
     Travers Sète, on nous impose un passage par Sierra Echo de Béziers, toujours à cause de ses exercices IFR entre LFMT et LFMU ... bon vu la météo CAVOK, on va se faire un bout du littoral avec une verticale Cap d'Agde, Portiragne et quasiment un passage au dessus de la ville de Valras Plage. 
 
 
Étang de Thau
 
Marseillan
 
Agde et terrain de Béziers au lointain
 

    Nous voilà revenu à l'intérieur des terres, la ville de Narbonne en vue. Je passe avec Perpignan Information, où j'annonce notre route pour Carcassonne et l'intention de vol initiale pour Perpignan qui sera annulée si la météo nous laisse passer le long des Corbières. Au fur et à mesure que l'on s'éloigne de la méditerranée, le temps se couvre un peu plus.
 

 
Seconde partie du vol
 

  Avec du givrage modéré annoncé sur la Temsi à partir de 2000 ft, je me montre particulièrement vigilent vis à vis du détecteur de givrage embarqué à bord de notre Piper. Nous conservons cette altitude car au dessus les nuages se montrent particulièrement menaçant ...
 

 
Sur la montagne noire, la neige tombe
 
Neige vue de plus prêt
 
Terrain de Lézignan Corbières
 

     Nous arrivons sur Lézignan, la visibilité n'est pas optimale mais maintenant d'après notre position, on estime que Carcassonne sera accessible. Je préviens Perpignan Info de l'annulation de notre intention de vol, je poursuis sur LFMK. Prise de l'ATIS nous confirme des bonnes conditions VFR pour se poser, et au premier contact, le contrôleur à la tour nous autorise même une longue finale avec survol de la ville en prime.  Un passage travers cité de Carcassonne ne nous laisse pas indifférent.
 

 
 
 

 
 

      Le plan d'approche du terrain sur la piste 28 est de 7% ... et cette sensation de plongeon sur la piste tout en survolant la ville me semble  bien plus impressionnant que mon atterrissage sur Chambéry, pourtant à la pente plus importante, comme quoi les sensations ne reflètent pas toujours la réalité des choses.
 

 
Finale piste 28 - LFMK


     Atterrissage sans difficulté rencontré, nous roulons pour la parking d'Aviation Générale. Vol bloc à bloc de une heure trente cinq. Nous avons perdu pas mal de temps avec ces itinéraires imposés le long de la côte. L'idée maintenant est de déjeuner sur place et de partir cet après midi sur Toulouse ou Agen en vue d'un passage éclair sur la côte atlantique.  Pour gagner du temps, nous décidons de nous rendre au terminal de l'aéroport de Carcassonne où un snack-restaurant nous attend au premier étage.
 

 
La bonne humeur est omniprésente
 

 
Au "Salvaza" restaurant de l'aéroport