Navigation du jour : 2 heures 30 de vol effectif

     Ce mardi, la navigation prévue la semaine dernière qui a été écourtée suite au mauvais temps va être entreprise aujourd'hui, moyennant quelques aménagements.

 

   Pour commencer, la première branche sera : LFMV-LFMS. Contrairement à la dernière fois, je vais faire une directe sortie de CTR Avignon (point Whisky) sur LFMS. La route va nous faire passer travers UZES qui sera un point (non tournant pour une fois)  sur mon LOG de navigation.

 

 

 

   Aujourd'hui la météo est calme. Bonne visibilité , peu de vent, on va se régaler. Tous les ingrédients pour une bonne après midi. Je passe les détails habituels de la prévol, j'ai scanné les données météo ci-dessous :

 

                               

 

   Moteur allumé, Patrice m'annonce : "amènes moi à Alès, fais comme si j'étais ton passager, gère tout". Bon c'est clair, on va tacher de faire pour le mieux. La radio, depuis que je me cogne de l'IVAO entre autre, ça va nettement mieux. Le passage de Avignon Tour à Rhône Info devient une formalité, c'est vrai que lorsqu'on maitrise assez bien les choses, ça devient de suite un réel plaisir tellement qu'on se sent à l'aise. Travers Uzès, j'avais réglé la radiale sur le Vor, le cadran nous confirme notre position. En plus, pour garder une route la plus juste possible, j'avais déjà pré-affiché le NDB de Alès, donc une fois le bon cap pris, y a plus qu'à vérifier l'ADF à bord. Que du bonheur !

   Trois minutes de LFMS, en vue des installations,  je quitte Rhone Info pour l'agent AFIS de Alès. Je m'annonce, une jeune femme me répond. Je m'annonce pour une verticale terrain. Cet agent AFIS c'est quand même un truc assez mal foutu. Il renseigne de la météo, du QNH, mais après c'est de l'auto débrouille. Finalement, comme on n'est pas contrôlé, on obtient aucune clearence, donc finalement je trouve que ça induis plus en erreur qu'autre chose ... enfin bon.

  LFMS coté piste "19"  - ALES


   Verticale terrain, je vire à plein sud, face au vent. Patrice en profite pour me rappeler le circuit d'approche complet lors d'une arrivée sur une installation non contrôlée. J'avais perdu de vue certaines choses, notamment de virer dès la verticale pour suivre la piste dans le sens où je vais atterrir à TDP plus 500 ft. Ici, le terrain est 668 ft, donc tour de piste à 1700 ft et verticale à 2200 ft. Comme y a une dizaine de jours  j'ai eu l'occase de me poser en 01 et en 19, je connais le terrain. Aujourd'hui, se sera en 19. Vent arrière, base un poil trop convergente, donc une arrivée un peu trop haut sur le plan, je poserais pleins volets avec vitesse finale de 60 kts. Alors déjà que la piste est en pente et moi arrivée pleins volets, on a l'impression de se poser comme un hélico ... se sera un complet. Je dégage la piste, on stationne sur le parking club.  On débriffe l'arrivée sur le terrain. 

   Une dizaine de minutes plus tard, je m'annonce à l'AFIS pour un départ vers Montélimar. Essais moteurs au point d'arrêt, je remonte la piste. Décollage sur une piste légèrement en montée, rotation à 55 noeuds. Trois cent cinquante pieds sol, faut virer à droite pour éviter le survol du village, comme stipulé sur la VAC et les cartes OACI. Vent traversier en montée, puis je vire pour une verticale terrain à 2000 ft. Top chrono sur mon log, puis prise de cap pour le QDM 043 du VOR de Montélimar. Je quitte la fréquence AFIS et repasse sur Rhone Info. Juste le temps de me donner mon nouveau transpondeur, que je bascule sur Orange Approche. Et rebelotte, nouveau transpondeur et sommes clairs pour un vol à 3000 ft QNH vers le VOR MTL. 
 
   Déjà un p'tit moment que nous sommes passés verticale LFMS, et nous passons au dessus d'une sorte de canyon. Je regarde ma montre et mon log. J'ai estimé le passage à la verticale des gorges de l'Ardèche à "57". Je lis sur mon montre 57, et j'annonce à mon instructeur :
- "c'est tout bon, on est dans les temps. On est pile poil au dessus des gorges de l'Ardèche, on est bon".
Patrice me dit :
- "regarde ta montre" ;  je re-vérifie l'heure et lui réponds :
- "Oui Patrice, il est 57, donc ce sont les gorges".
Patrice me redemande de contrôler  ma montre et là avec stupéfaction, je lis "52" et non "57" ! Je suis tellement persuadé que ce canyon est  les Gorges de l'Ardèche sous notre appareil que mon esprit est  convaincu que ma montre indique l'heure exacte. Hallucinant tout de même, que le fait d'être persuadé de quelque chose peut influencer notre vision de la réalité !  Je réponds donc :
- "Tu as raison, nous sommes encore à 5 minutes de l'estimé des Gorges, ce canyon n'est pas notre point intermédiaire". Ce que je retiens de cette expérience, c'est qu'il faut faire confiance (comme dit Patrice) à la méthode et que si mon LOG m'annonce une estimé à "57", il est très peu probable que l'on soit verticale du point cinq minutes avant. De plus, ma perception de la réalité a été faussée (lecture de l'heure sur la montre) car persuadé d'être arrivé sur le point. Ce qui m'est arrivé est relaté avec précision dans le manuel du Pilote dans le chapitre "Facteurs Humains", et  le recul du debreifing du vol m'y refait pensé.
 
   Cette étape passée et cinq minutes plus tard, comme ma montre et mon log l'indiquent, nous arrivons enfin sur le point intermédiaire à notre franchissement des gorges de l'Ardèche, déjà survolés lors de ma première NAV .
 
 

les Gorges de l'Ardèche
 

    Durant cette branche, Patrice en profite pour me faire travailler les dérives. Nous sommes au cap 043, QDM affiché sur le VOR à 043 et aiguille centrée. Peu de temps se passe, et l'aiguille dévie à gauche. Effectivement, un léger vent de travers nous pousse sur la droite et nous fait sortir de notre route. Je conserve le réglage de la radiale à 043, et prends un cap au 020. Deux minutes s'écoulent, l'aiguille du VOR se recentre, normal on coupe la radiale. Dès lors, je prends un cap au 035 (à priori on estime un vent qui nous fait dériver de 5 bons degrés) pour garder l'aiguille du VOR centrée. On restera sur ce cap jusqu'au moment où Patrice prend la radio, et demande un exercice de déroutement sur LFHD. Branle bas de combat à bord. La check, la carte, la règle, la montre ... nom de Zeus, quelle galère à gérer ces déroutements. Patrice prend le manche, et me laisse tranquillement œuvrer. Bon sur le coup, j'ai du bol, Pierrelatte en vue, donc pour trouver le terrain, ça devrait bien se passer. 

    Cap à l'estime pour commencer, et finalement, le terrain en vue. L'exercice coupe court mais du coup, on va se faire des tours de piste sur ces installations avec pistes en herbe. Difficulté majeure, le terrain est limite sud avec la ZIT des installations nucléaires de Tricastin. Comme un peu à Alès, faut surtout pas faire de longue finale sans quoi c'est une intrusion directe dans la ZIT ! Premier touché sympatoche sur LFHD ; y a pas à dire, les touchés sur les pistes en herbe, c'est fun. Deuxième tour de piste, Patrice me demande de faire un touché et au dernier moment, à moins du passage des 15 mètres, c'est remise de gaz. Je m'exécute et je pense que j'ai réussi la manœuvre avec cette satané assiette à tenir, d'après ce que j'ai compris dans le commentaire de mon FI.


Piste 36 - LFHD

  Nous revoici dans les airs, cap au Nord vers Montélimar. Petite navigation par cheminement le long du Rhône, et la ville est déjà en vue. Je dois repérer le terrain par rapport à la carte, exercice assez facile dans la mesure où dans la zone urbaine de Montélimar, le terrain se détache très facilement. Ici c'est de l'auto-information, on reste donc sur 123.50, effectue une verticale terrain et nous nous présentons en vent arrière pour la 02 main gauche. En base, mon instructeur m'annonce la couleur : "pleins volets, 60kts, tu me fais un atterro court"
 
  Je vire en finale, pleins volets, je garde un œil sur la badin pour les 60 nœuds, le plan a l'air correct, mon point d'aboutissement est le seuil de piste pour simuler un atterrissage sur terrain court, et le refrain "vitesse, plan, axe, vitesse, plan, axe ...." jusqu'au touché des roues avec un bel arrondie et là Patrice me lance "Freine !" bein c'est que je fais mais en fait, il voulait que je freine très franchement pour aller jusqu'au bout de l'exercice ... en fait pour tout dire, j'ai pas osé freiner comme un malade pour éviter de fatiguer les plaquettes et les pneus mais sur les pistes en herbe, les dommages sont peut nombreux justement.  A priori, j'ai tenu ma vitesse  d'après les remarques de Patrice, et intérieurement, je suis plutôt satisfait du résultat.  Même si l'exercice n'est pas très compliqué, l'application en finale doit être parfaite pour rester dans les clous rapport taux de descente / vitesse et puissance moteur . Finalement, à 60 kts, on est 18 kts au dessus de la VS0, y a pas à stresser mais quand même, quand on arrondi et qu'on casse encore un peu la vitesse, et qu'on entend le "bignou" sonner à une fraction de seconde du toucher des roues, on est impatient que l'avion soit enfin au sol.

 
 
Installations de LFLQ
 
  Se sera un complet. Malgré le fait qu'on soit en mars, la météo est plutôt réussie malgré l'arrivée annoncée de grains. Néanmoins, le ciel est encore clair, pas de vent, Patrice décide de me faire stationner juste à coté de l'entrée du musée de l'aviation de chasse. Musée que j'ai visité au cours de mes balades aéronautiques avec Jean-Pierre.  Je parke le Cessna comme je garerai ma bagnole pour aller au bistrot du coin ! excellent le cliché, nous voici avec notre appareil stationné dans l'herbe, et nous en direction du bar des pilotes. Une bonne boisson gazeuse engloutie, le p'tit pipi qui va avec, et me revoici en prévol, contrôler visuellement  mon appareil, le niveau d'huile et tout le toutim. On en profite pour se faire un briefing pour le retour. Se sera simple, on fait une verticale du VOR de Montélimar, puis directe sur les installations de Valréas, juste une verticale sans toucher, puis on filera sur Avignon. Allez, c'est parti. 
 
 
  Aligné en 02, je décolle et en bout de piste, Patrice me refait le coup de la panne moteur, merdouille mais y a plus de piste là !!! il me lance "et alors, qu'est ce que tu fais ?" bein j'y réponds " assiette à piquer, pleins volets, ..." et lui me rétorque "et alors pourquoi tu le fais pas" en se poilant ... je fais un léger piquer pour marquer le mouvement puis enchaine sur une remise à plein puissance pour virer à gauche car là aussi, en bout de piste de LFLQ, y a une ZIT.
 
   Le retour sera tranquilou. Avec un vol station arrière, on vole au QDR 156 du long, en passant à droite des installations de Valréas. J'appelle Orange Approche, qui nous demande de virer sur Carpentras. Il est vrai que la zone Orange est active et que les chalumeaux sont de sortie. Patrice en profite pour me refaire un exercice de déroutement sur les installations de Carpentras. Là va falloir la jouer correctement car LFNH n'est pas en vue. Se sera prendre de suite un cap à l'estime, noter l'heure, se positionner sur la carte, reprendre un cap réel, distance à parcourir donc temps estimé, altitude, météo.. bref après plus de deux heures de vols effectifs, faut pas chaumer et la tête est en ébullition.
 
   Une fois le déroutement exécuté, j'en profite pour admirer le superbe panorama des contre-forts du Ventoux et des dentelles de Montmirail. Orange Approche nous rappelle pour nous autoriser directe LFMV. Je demande à quitter la fréquence momentanément pour prendre la dernière (météo ou ATIS) d'Avignon Caumont. Retour sur la fréquence d'Orange Approche pour quitter définitivement quelques minutes plus tard.  Je m'annonce à la tour d'Avignon, se sera une "35" main droite. Patrice me dit pour finir la séance, de me poser volets 20 à 65 kts et de tenir. Bon on va tacher de la faire. Chose qu'on ignore, c'est que le vent n'est pas du Nord mais du Sud  Sud-Est, soit disons le carrément, de trois quart arrière ! Pour se poser, c'est pas l'idéal. Alors forcément, j'ai  posé correctement sans rebondir comme un kangourou, mais évidemment pour tenir la vitesse avec du vent dans les fesses, c'est pas l'idéal ...


Piste 35 - Main Gauche
 

   Posé, un passage au bas de la tour, avec un sympathique apprenti contrôleur aux commandes de la CTR (sous tutelle car on entendait derrière lui les conseils éclairés d'un ancien) nous voilà au parking club. Aujourd'hui, nous avons quitté Avignon à 14h35 pour revenir à 17h50, soit un total de 2 heures trente de vol effectif. Mine de rien, un record pour moi, et finalement, ces deux poses m'ont permis de voler en toute sérénité sans fatigue ni lassitude.
 
   Je remplis mon carnet de vol, et constate que mes trente heures de vol ont été atteintes aujourd'hui. Avec un peu plus de six heures solo, va falloir encore voler quelques heures dans la CTR pour pouvoir emporter mon premier passager, mais là se sera une autre histoire.