" Vous entrez dans une zone de turbulences "

    Après une semaine très chargée en vent, avec des rafales dépassant les 100 km/h sur Avignon, ce matin du samedi 13 février, j'ai quand même réservé un créneau sur Cessna 152. Emma qui souhaitait depuis quelques temps revoler avec moi n'a pas été gâtée cette semaine de vacances scolaires, par la météo.  Sans rien promettre mais ayant jeté un œil sur la météo aéronautique avec de quitter la maison, nous voilà en route vers l'aéroclub. Bon finalement, c'est largement volable. Du dix nœuds avec des rafales maxi de 25 kt, c'est faisable mais surtout devrait être supportable pour ma jeune passagère. 

   Prévol terminée, Emma installée en place droite du Juliet-Fox, je lui donne les dernières consignes de sécurité et ainsi peut être un peu trop sur le fait de ne pas parler quand elle entendra un contrôleur s'exprimer à la radio. Du coup, elle passera la quasi totalité du vol à hocher la tête ou lâcher un petit "oui" pour ne pas perturber l'écoute radio chaque fois que je m'adresse à elle.

   Initialement, elle souhaitait voir la mer, mais je fini par lui en dissuader en lui annonçant un vol un peu long, à dire vrai c'est grosso modo une heure un aller/retour Saintes-Maries, mais j'ai préféré éviter de faire long car je pense que le vol va être un tontiné agité. Pour la faire participer au vol sans mettre en danger notre propre sécurité, je lui fait effectuer des petites actions ; comme au point d'arrêt, la manœuvre de sortie des volets (voir vidéo) ...

   Alignés en 35, on décolle sans être réellement malmené par le vent mais plutôt par une masse d'air très capricieuse. Contrairement à des vols précédents plus ventés mais plus calmes en terme de stabilité de vol, aujourd'hui mon pressentiment était le bon,. On va être secoué. Ce n'est pas non plus de grosses secousses comme j'en ai déjà connu avec Patrice, mais pour ma passagère de six ans, ça peut devenir compliqué à gérer. Finalement, tout au long du vol, se sera un jeu de "Olééééé" ou de "et allezzzzzz" comme pour mettre l'accent sur le coté montagne russe de la chose et surtout en faisant oublier le coté dangereux qu'une néophyte pourrait vite interpréter. Petit travail supplémentaire pour moi qui ajoute une touche très aéro, la visibilité. On est contraint au départ de rester sous les 1000 ft, car on a du mal à distinguer le sol. En visibilité horizontale, c'est pas trop mal, quoi qu'au dessus de la Durance, à Mistral 7, on aperçoit un bloc nuageux assez opaque juste au dessus des viaducs du TGV sur le Rhône. En vertical, une brume à la con masque partiellement le sol.  Par la suite, le vent faible mais tenace balaillera tout ça pour éclaircir les airs.

   Sortie de CTR par Whisky, je lui propose d'aller survoler le Pont du Gard, ce qui permettrait de lui montrer la ligne TGV , l'autoroute avec le péage de Rémoulins  qu'elle connait bien puisque c'est notre point d'entrée quand on part en voiture voir la famille. Verticale ouvrage romain, virage à 30° pour lui éviter le stress de l'inclinaison, et je constate que le vol se passe plutôt bien pour elle. J'avais un peu peur de ne pas avoir assez évalué la masse d'air et lui contraindre d'être malade en l'air, mais il semble qu'elle supporte plutôt bien les choses. Tant mieux je me dis. Sûrement d'ailleurs qu'un adulte aurait certainement plus d'appréhension dans ce genre de masse d'air qu'une enfant.

   De retour dans la CTR d'Avignon, on fera un passage par Novembre Alpha, histoire de survoler la ville, de lui montrer le lotissement où se trouve notre maison, puis un retour en vent arrière "35" main droite aux fesses d'un autre Cessna 152, avec Simon comme FI du jour. Je ne sais toujours pas si c'est le stress ou l'accumulation de ces petites turbulences, mais en début de vent arrière, Emma s'est plaint d'un mal de tête, disparu 5 minutes après l'atterrissage ... dans les locaux de l'aéroclub qui devenait son nouveau terrain de jeu, notamment les escaliers à monter et à descendre à toute vitesse, comme si les secousses dans l'avion ne l'avait pas affecté.


   Voilà un vol qui s'est voulu simple, quarante minutes bloc à bloc, avec une gestion de passagère en situation un peu inhabituelle, où j'ai su lui faire garder l'attention sur l'observation des paysages autour de nous.  Cependant, juste après après le vol, j'ai eu le sentiment de n'avoir peut-être pas su résister à l'envie de ma fille d'aller voler aujourd'hui. J'ai été rassuré dans ma décision, quand j'ai vu avec quel plaisir  elle a raconté à sa mère le récit de notre vol. Vérité qui sort toujours de la bouche des enfants, quand elle nous dit à table ce midi qu'elle espère que la prochaine fois, on sera moins secoué.  

 


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