Ce mardi 22 juin, second jour de l'été, nous offre enfin une météo estivale. Le temps est chaud, même si ce ne sont pas encore les températures habituelles en Provence, le ciel est d'un bleu immaculé, et le vent toujours présent en Avignon, mais ça c'est habituel.

     P'tit café en terrasse pris, Thierry et moi terminons la préparation du vol. Prise des Notam, météo grand beau sur tout le grand Sud est, juste du vent en vallée du Rhône ... bref, un vol qui s'annonce dans d'excellentes conditions.

    Prévol terminée, je ferais l'aller en place gauche. Notre Cessna 152 au parking, entre deux appareils de légende. A gauche un Mustang et à droite un Corsair. Hier, le vent était très violent à 45 kt et des rafales mesurées à plus de cinquante ;  ce matin, c'est bien plus calme, se sera du 20 kt avec des pointes à 35 kt annoncés par l'ATIS.

 

              

 

    Roulage où notre appareil réagit pas mal aux bourrasques, la montée va s'annoncer encore musclée. Thierry et moi avons été formés en Avignon, et le vent mesuré ce matin est dans nos cordes pour si peu qu'on s'occupe correctement de notre machine.


    Manche au vent, je roule sur les taxiways et remonte la piste 35. On s'aligne, la Tour nous autorise au décollage, un dernier coup d'œil sur la biroute bien gonflée, on va décoller court cette fois. Le Cessna s'élance, la puissance est affichée, le badin actif, pas d'alarmes, je majore à 65 kt la rotation. Comme prévu, on décolle rapidement le taux de montée est accentué par le vent. A 15 mètres, j'effectue un palier pour reprendre de la vitesse, et à 80 kt je stabilise mon taux de montée.


   Trois cent pieds sol, je rentre les volets et à 500 ft je vire à droite. Toujours à 80 kt au badin, avec un vent en pleine poire, on estime la vitesse sol à pas grand chose. Je m'efforce de tenir une inclinaison qui n'excède pas 10°, et maintenant, j'ai une dérive de 30° en vent traversier. C'est toujours aussi impressionnant, même si ces opérations ont été maintes fois travaillées en instruction. Le Cessna 152 est comme une coquille de noix baladée au grès des courants,  quand le vent est fort.


  Maintenant, en vent arrière, la vitesse sol s'affole pour notre petit 152. On se rend bien compte que le décor au sol défile bien plus rapidement qu'à l'habitude. Nous sommes à Cavaillon, je passe avec SALON APPROCHE qui nous gardera jusqu'à la CTR d'Aix en Provence où on passera rapidement avec PROVENCE INFO qui nous liberera pour finir avec LUC APPROCHE.

   On passe la Sainte Victoire, chemine l'autoroute de Nice, et à Brignoles, c'est Sierra puis Papa Victor, village de PUGET, point d'entrée dans la CTR de CUERS.

    Complet à LFTF, on avait prévu d'y déjeuner, il est midi. J'avais prévu de téléphoner avant le départ, j'ai oublié de le faire, et manque de bol, le resto est fermé. Mais qu'a cela ne tienne, on termine notre soda à l'ombre des arbres de l'aéroclub du Var, ici le soleil commence à chauffer gentillement.


    Retour au parking de l'aérodrome de Cuers, et toujours en place gauche, je roule pour le point d'arrêt. Au point fixe à CUERS, je rencontre un petit souci. En effet, en testant les magnétos, nous constatons que sur une des magnetos, ça crapote ... on perd plus de 150 tours, et le moteur ratatouille. Là je me souviens d'un vol où un des instructeurs du club m'avait expliqué l'astuce pour parrer ce type de problème. Vu les circonstances, nous sommes quand même ennuyés par cette baisse de régime sur la magnéto de droite, alors je tente le coup.

Régime 1700 tr, magnetos sur both, j'appauvri le régime jusqu'à ce que le moteur s'étouffe mais juste avant qu'il ne coupe, je ré-appuis la manette rouge pour enrichir et éviter la coupure moteur. Je procèdé trois fois la chose. Si la bougie est encrassée, ça devrait régler le problème en asséchant le cylindre. Et là BINGO !!!!

La magnéto qui déconne, refonctionne et tout revient à la normale ,  plus de baisse de régime ... y'a pas à dire, c'est en volant souvent que l'expérience se forge.

Je redécolle de Cuers pour un vol d'une vingtaine  de minutes, en direction du terrain voisin, LFMQ. Ce terrain est celui du CASTELLET , qui jouxte le circuit automobile du même nom (voir vidéo).


    L'agent AFIS déjeune, on est donc en auto information. Je pose en 13, et stationne le Cessna au parking FOX. Sortie à pied du terminal, on se dirige vers le restaurant du circuit, il est 13 heures 15. On prend un bon déjeuner en terrasse.


    Il est presque quinze heures, on revient au terminal du Castellet, s'acquitte de la taxe d'aéroport. On nous remet un dossier complet météo, Notam pour le vol de retour. Plutôt surpris de la bonne qualité du holding sur ce terrain.


     Initialement, Thierry avait prévu un retour par le Lac de Sainte Croix suivi d'un survol des gorges du Verdon, mais un Notam justement prévoit aujourd'hui une fermeture d'une partie de l'espace aérien, suite à des exercices... décidément, on a la maffre !

 
 


   Et bien, puisque c'est ça, on va se venger par un transit côtier, au programme : Saint-Cyr sur Mer, La Ciotat, Cassis, les Calanques, la rade de Marseille, l'Estaque, le golfe de Fos sur Mer, les salins de Giraud, puis une verticale d'Arles avec les arènes (voir vidéo) ...


     Thierry termine le vol avec un survol des Alpilles, de Saint-Remy de Provence, puis travers d'un terrain fort connu des vélivoles : Le Mazet de Romanin (scène FS9 dispo ici ).


    Nous sommes maintenant autorisés pour une longue finale en 35. Le vent a pris de la puissance depuis ce matin. C'est encore du vingt, vingt cinq nœuds, mais il semble bien que les rafales soient plus turbulentes.
    

     En finale avec trois blanches au Papi, ici c'est préférable pour anticiper le cisaillement au seuil de piste par grand vent,   Thierry se pose alors que la manche est quasiment à l'horizontale. Notre Cessna 152 est une plume, et on finit par se rendre compte véritablement de la force du vent une fois au roulage. L'avion a du mal à réagir aux palonniers pour aborder les taxiways, et la bonne gestion du manche au sol est primordiale dans ces conditions.
Heureusement, qu'hormis ce couloir rhodanien, le vent a été calme tout au long de notre route ... un départ et un retour agité, mais qui finalement a été formateur pour les deux pilotes du jour.

    

   Des différentes discussions que j'entretiens avec plusieurs amis pilotes, j'ai la nette impression que les pilotes privés français sont plus disposés à évoluer dans des situations météorologiques propres à leur zone géographique. Ici, le vol avec du vent (pour si peu qu'il reste dans les normes de l'avion) est relativement bien appréhendé. Par contre quand la visibilité baisse où que le plafond nuageux est bas, on n'est pas spécialement à l'aise. Faut dire que le beau temps fait parti  des spécificités de la Provence.  Par contre, j'ai des camarades pilotes qui évoluent dans des latitudes plus élevées, qui peuvent être plus dérangés par le vent alors qu'ils volent dans des conditions quasi VSV avec une aisance qui mérite le respect.


   Finalement, ce vol qui se voulait préparatoire à la prochaine sortie club prévue dans quinze jours s'est passé admirablement bien. Rendez vous pris pour le samedi 10 juillet, où Thierry et moi rejoindrons Propriano en Corse avec ce même Cessna 152. Un vol sans GPS, only VOR et ADF, pépère à 95 kt ... on a hâte d'y être.