Vol d'ondes

     Après déjeuner, nous revoilà de retour au terrain. On ne traine pas car nous devons être rentré pour seize heures, obligations familiales obligent. Bref, on passe le PIF, les douanes sont expédiées car au moment même où l'on regagne notre machine, des passagers sont à l'embarquement d'un Boeing 737-800 à destination d’Istanbul.
 
      Le vent a petit peu forci depuis ce matin, mais cette fois carrément dans l'axe. Comme nous le rappelle le contrôleur lors du roulage, au sud des axes, une Coline qui me fait penser à celle du bout de piste de l'aéroport de Île d'Elbe, Marina Di Campo. Ce relief ridicule génère quand même des rotors, il est donc préférable de décoller du bout de la piste 18 pour passer rapidement au dessus des ces turbulences. La Tour nous en informe mais Laurent avait tout de même l'intention d'anticiper, vu les conditions aérologiques du matin.

 

 


      Nous voilà au point d'arrêt Delta, pour laisser un Embraer Phenom. Ça grimpe vite (voir la première vidéo de cet article). Alignés maintenant en piste 18, c'est parti ...  Montée dans l'axe, une fois les minimas atteints, nous virons à droite (circuit de piste publié) pour éviter les effets de courants ascendant générés. Un vario tenu de  500 ft, mais une vitesse sol de 50 kt environ nous donne l'indication que le vent de face est de l'ordre de 20 kt, et que la durée du vol retour sera augmentée.

      Nous découvrons ce département, et cette partie de la France que nous ne connaissions pas. C'est très joli, des valons, de nombreux lacs dont la plupart sont équipés de bases nautiques, à notre grand étonnement. Désormais stables à 5500 ft, Laurent a préféré grimper plus haut que ce matin, où nous avons été pas mal sollicités par les courants d'air.


 

 

 


     Cette après midi, les effets sont totalement différents. Pour la première fois, nous découvrons les effets du vol d'onde. Lus dans les bouquins lors de la préparation de nos PPL respectifs, on touche du doigt si je peux dire, aujourd'hui, les effets ressentis.

 

 
Vol d'onde avec une première onde sur le relief (A)
puis une seconde qui comporte des lenticulaires (B)
 

C'est quoi le vol d'onde  ?

     Le vol d'onde permet aux aéronefs, essentiellement utilisé par les planeurs, de prendre de l'altitude en utilisant les effets générés par une onde. En effet, sous le vent du relief, et sous certaines conditions, se produisent un ou plusieurs ressauts, du fait de l'élasticité de l'air. Ces ondes peuvent atteindre de grandes altitudes, largement supérieures à celle du relief générateur. Ces zones de ressauts sont parfois matérialisées par des nuages particuliers, les altocumulus lenticulaires, nuages de forme très régulière, parfois en pile d'assiettes, anormalement immobiles alors que le vent souffle avec intensité.

     Dans notre cas cette après midi, nous volons en palier et d'un coup d'un seul, l'aiguille du vario se met à danser en montant subitement à 1000 ft minute. On prend soudainement une montée d'altitude. La première fois, Laurent au vu de ce phénomène, décide de luter en réduisant la puissance, assiette à piquer pour reprendre nos 5500 ft. Pour le coup, la machine se met dans une position ambiguë, et des vibrations se font ressentir. On sent bien qu'il est préférable de laisser faire pour éviter ces sensations désagréables de vol entre deux ondes si je peux dire.  Quelques minutes plus tard, c'est l'effet inverse, qui nous amène à prendre un gros vario négatif. C'est assez étrange comme phénomène dans la mesure où on ne ressent pas les effets de montée et descente. Un coup d’œil au variomètre, c'est maintenant du moins 1500 ft minute, et pourtant dans la cellule, on a pas la sensation d'un bon taux de descente comme on peut l'avoir sur une descente rapide volontaire. On perd de l’altitude, mais physiologique on ne s'en rend pas compte.

 

     Après cet épisode enrichissant pour notre expérience de pilote du dimanche, nous laissons les reliefs derrière nous. On passe Aubenas, puis tirons droit sur le nord de la CTR d'Avignon. Comme depuis le départ de Saint-Etienne,  nous aurons un vent du sud qui nous attend à LFMV. 

 

      Dès Roquemore (30), nous sommes autorisés longue finale piste 17. On en profite pour se caler sur 110.50, fréquence ILS de la piste. Altitude bloquée à 1900 ft QNH 1012, Laurent intercepte le LOC de la piste du coté de Sorgues et tient le plan aux aiguilles.On en profite pour se remémorer les procédures :

     - plan de la piste à 3°, en palier à1900 ft, donc je serais sur le plan à 6 Nm du point d'aboutissement : 1900 ft = ( 3° x 6 Nm) + 100 ft     /  100 ft étant l'altitude du terrain
     - plan de la piste à 5% , donc pour conserver mon plan à 70 kt (vitesse approche en C152), je prends un vario constant de 350 ft/min  : 5% x 70 kt = 350 ft/mn

     Nous voilà donc sur le plan, à 70 kt avec un vario qui oscille autour de 350 ft/mn, car le vent est capricieux. Laurent lutte pour tenir les paramètres ; on le sait, en Provence, on préfère un bon Mistral à ce vent de la mer très instable et générateur de turbulences. Laurent coupera les moteurs après un vol d'une heure trente cinq, bloc à bloc, soit un quart de plus que le matin. Plutôt logique au vu des 20 kt de vent qui nous ont poussé le matin, mais forcément ralentis l'après midi.

 


 
Saint Étienne -  Avignon.

Beaucoup de vent de sud. De l'onde qui oblige à continuellement se battre pour tenir un vol en pallier qui ressemble plus à des montagnes russes qu'autre chose. Mais toujours autant de plaisir. Laurent Dupré