Entre Mistral et Tramontane

       Dimanche 29 janvier 2012, c'est aujourd'hui que Christian et moi avons décidé de faire notre première navigation de la nouvelle année. La météo de cette fin janvier n'est pas favorable aux destinations que nous nous étions fixées. En effet, nous avions envisagé d'aller grenouiller en Rhône Alpes, mais les premiers flocons de l'année en vallée ont annoncé leur arrivée ce matin. Finalement, on va se tourner vers une navigation que j'affectionne bien. On a décidé de réitérer ma longue navigation solo, en allant à Béziers par Alès à l'aller, et par le côtier au retour. Comme nous envisageons de déjeuner sur un terrain distant, le choix se porte sur Montpellier. Par conséquent, cette navigation de 180 Nm sera une bonne entrée en matière pour cette nouvelle année. 

 

       Une fois les réservoirs remplis, et la prévol extérieure terminée, on regagne les locaux de l'aéroclub pour prendre une dernière estimation, tant la météo même dans le sud est très hivernale avec ses aléas. La visibilité, le plafond nuageux sont annoncés avec des valeurs nous permettant d'aborder sereinement ce voyage dans de bonnes conditions VMC. Par contre, côté vent, c'est un autre paire de manches. Autant les terrains de Provence ont des pistes relativement bien axé, autant les terrains de Languedoc le sont peut être un peu moins. Aujourd'hui, nous allons passé d'un environnement baigné dans le Mistral à celui de la Tramontane.


 

 

        Mise en route et roulage à 10h35. Avec le Mistral faible du matin, une vingtaine de nœuds tout au plus, on décolle piste 35. Une fois sortis de la CTR d'Avignon, prise de cap sur Alès. Le terrain de cette ville, certifié IFR, est doté d'un NDB : Delta Alpha en 402 kHz. Gisement nul, prise de cap intégrant une bonne petite dérive avec un vent de travers de l'ordre de 30 kt. On passe le Pont du Gard, la ville de d'Uzès et enfin Alès.


        LFMS passé,  nouvelle prise de cap. Se sera la ville de Pézenas, point d'entrée de la CTR de Béziers.  On passe successivement le Pic Saint Loup, le terrain de Saint Martin de Londres, la ville de Clermont l'Hérault.
 
 
 
       On passe Papa Zoulou, et en contact avec Béziers Tour, j'annonce mes intentions d'effectuer un toucher. Surprise pour nous, nous sommes annoncés numéro trois, derrière un 737 de Ryanair et un C152 en tour de piste. Alors que nous sommes en vent arrière, sur notre droite le Boeing 737 en finale termine son long vol commercial ... le genre de situation qui nous rappelle tant de vols virtuels vécus sous Flight Simulator.

 
        Désormais en finale piste 28, c'est un vent du 340° de force de 25 kt, qui nous amène à calculer rapidement un vent de travers de 15 kt. C'est assez proche des données mentionnées sur la manuel de vol du PA. Et quelques mètres avant l'arrondi, voir vidéo en fin d'article, je suis surpris que malgré un bon coup de pied au sens opposé à la direction du vent, la machine a du mal à se ré-axer. L'effet de sol que je pensais plus évidente ne l'a pas était. Toucher de roues plutôt souple en fin de compte, j'ai bien fait de poser pleins volets, car je pense que l'avertisseur de décrochage n'était plus très loin de sonner, tant la vitesse affichée était faible.
 
 
        Nous voilà en montée initiale, nous sommes autorisés à transiter par le côtier. On passe travers Valras Plage, puis tirons droit sur le Cap d'Agde. La marina sur notre gauche, en ligne de mire, c'est la ville de Sète que l'on atteint rapidement. Depuis notre passage à Béziers, la direction du vent à pas changé. La tramontane a ce coté plus vicieux en mon sens que le Mistral qui est un vent fort en intensité mais dont sa direction varie très peu. En fréquence avec la tour de Montpellier, se sera une intégration des plus classiques : longue base travers Palavas les Flots et Carnon. 


        Tout comme à LFMU, la courte finale est agitée avec un bon vent de travers. Ce dernier n'est pas très fort en intensité, mais le fait qu'il soit désaxé par rapport à la piste 30 droite où nous sommes en approche, nécessite de bien s'occuper de la machine. Toujours pleins volets, me réduisant ainsi au maximum la Vs, on pose légèrement à gauche de l'axe. Roulage pour le parking Fox, on coupe le moteur à 12h10.  Sortie de l'aéroport, on grimpe dans un taxi pour aller déjeuner place de la Comédie à Montpellier à un quart d'heure de là. Une assiette de seiches à la plancha nous y attend ...
 
 
Vidéo de 25 minutes commentée de bout en bout
 
 
 
        De retour sur le tarmac, il est quinze heures ...

 
       Le retour sera plus direct, mais on se fera quelques vestiges quand même ... Décollage piste 30R de LFMT, on sort de la CTR de Montpellier par le point Golf Mike, le rond point à la sortie de la Grande Motte. Ensuite, on poursuit Alpha Mike, les remparts de la ville fortifiée d'Aigues Morte. On reste dans l'historique, en montant à plus de 3000 ft pour se faire une verticale d'Arles. On passe à l'aplomb du théâtre antique et des magnifiques arènes romaines d'Arles.


ARLES : Lors d'un de mes vols en Juin 2010

        Dans la foulée, se sera le moulin de Daudet et on termine ce vol touristique par les baux de Provence. La chaîne des Alpilles passée, on survole la ville de Saint Rémy de Provence, chère à Jean Réno et Michel Drucker. Contact avec Avignon Tour, le vent annoncé est plus fort que ce matin. Se sera 35 kt, avec risque de cisaillement de vent au seuil de la 35. On connait la musique, nos instructeurs nous ont formé là dessus, il n'est pas rare de voir des vols solos d'élèves avec du vent supérieur à 25 kt.

         Bref, j'en profite pour montrer la fonction OBS du GNS 430 à Christian. Pour ce faire, je fais un Direct To sur LFMV. Ensuite, fonction OBS et j'entre le QFU de la piste. L'axe de la piste est prolongé de part et d'autre sur l'écran du GPS. J'explique à mon binôme l'intérêt de la manip : s'axer sur une piste non pourvue d'ILS, suffisamment tôt.
 

Fonction OBS : le QFU de la piste 35 est entré
le track rose s'affiche et matérialise l'axe de piste
 
              Comme nous sommes autorisés à intégrer en très longue finale, cet exercice s'applique au mieux. J'active le PA, resté éteint depuis le matin, passe en NAV. La machine vire sur la gauche et se cale sur le track du GPS. Christian est surpris de l’imprécision car même loin de la piste, on voit que nous sommes légèrement désaxés. Et oui ! quelle erreur de ma part ; j’appuie donc deux fois sur NAV du Pilote Automatique et j'active ainsi la fonction GNSS. Ce mode force notre avion à se confondre avec le track du GPS, calcul plus précis de la trajectoire. Dans les cinq secondes, nous voici parfaitement axés sur la piste en service.



Fonction GNSS : au pilote automatique du PA 28
la machine est axée sur la piste 35

         Le Mistral est assez fort en cette fin d'après midi, le contrôleur nous tient informé du vent régulièrement. En courte, je reprends la machine à la main. La très courte finale est assez agitée, pas de cisaillements mais de fortes turbulences qui nous soulèvent l'aile. Aujourd'hui, le vent n'est pas très fort, de l'ordre de 25 à 30 kt, mais se sont ces satanés rafales imprévisibles qui nous chahutent la machine.  Au moment d'arrondir, deux grosses rafales nous soulèvent littéralement la machine, et n'osant pas mettre de l'assiette à piquer au risque de taper l'hélice, je préfère avaler de la piste et arrondir après le taxiway Charlie. On pose dans les paramètres, avec juste le temps d'entendre l'avertisseur de décrochage que les roues arrières touchent le sol.
 
          Roulage pour le parking club, on étouffe après 45 minutes de vol. C'est une fois sortis de l'avion, qu'on mesure réellement la force des rafales, d'un Mistral tout bonnement glacial.