Raid Afrique - Etape 25 : Springbok – Saldanha Vredenburg |
Nous repartons de bon matin, frais et dispos, avec le moral des aventuriers dont les exploits et les dangers sont derrière eux.
C’est notre avant-dernière étape avant l’arrivée au Cap. Une simple formalité…, en principe. Mais nous n’allons pas tarder à découvrir que les cieux en ont décidé autrement.
Nous décollons dans de bonnes conditions au milieu de quelques nuages décoratifs. Baignée par la lumière matinale, la vallée de Springbok s’est parée de tous ses attraits.
Mais tout d’un coup le ciel se bouche. De gros nuages menaçants roulent devant le pare-brise et semblent mesurer leurs forces en se disputant le ciel… Spectacle inquiétant !
Un peu plus loin, nous devrions voir la mer au-dessus d’une large baie qui délimite ce bout de continent. Nous attendons cet instant avec impatience. Pensez… Depuis le temps que nous n’avons pas vu l’écume des flots sous nos ailes, nous sommes en manque. A dire vrai, il s’agit de l’Océan Atlantique qui baigne la côte ouest de l’extrémité australe de l’Afrique.
Eh bien, en fait de côte et de panorama, nous ne verrons rien du tout. Du gris sur grand écran à travers le pare-brise, une masse d’air complètement opaque, voilà notre récompense. Soyons francs, nous l’avons un peu mauvaise.
Sur les ondes, le bulletin météo annonce un plafond de 200 mètres seulement. Nous ne sommes pas fiers, il faut le dire. D’autant qu’il n’y aucun balisage à Saldanha Vredenburg, et que la piste est plus ou moins posée là en plein champs, quelque part dans la nature.
Nous négocions une descente prudente, par petits paliers, en surveillant de près les instruments, le GPS et les quelques bribes de visibilité, fort fugitives, que les éléments nous accordent à doses homéopathiques.
Nous continuons à descendre... 2000 pieds, devant nous un mur de nuages… 1500 pieds, on n’y voit goutte… 1000 pieds, toujours rien… La sueur commence à perler, on avale notre salive.
800 pieds, on entrevoit un morceau de sol, vite recouvert d’un voile d’étoupe…
600 pieds, on réclame indulgence et compréhension à qui de droit, en se demandant comment tout ça va finir… 500 pieds, le sol apparaît, mais devant nous le brouillard est tenace. On guette la piste, la tension est à son comble.
Soudain, enfin…, la voilà. Pile devant nous, exactement là où nous l’espérions. Le reste n’est qu’une affaire de métier et d’expérience. On pose doucement le C47, contents que ce vol un peu angoissant se termine bien.
Ici, nous prendrons juste le temps de recharger les batteries et nous préparer pour les festivités qui nous attendent au Cap pour saluer notre arrivée. La dernière étape est courte. Il s’agit néanmoins d’en faire un moment solennel et mémorable.