Trois semaines que le mistral souffle quasiment tous les jours, mais surtout deux weekend d'affilé où les rafales dépassent les cent kilomètres heure

   Ce jeudi, légère accalmie mais ce sont les entrées maritimes qui  envahissent notre ciel de Provence. Peu importe, décidé à faire un vol, même local, je donne rendez vous à Jean-Pierre, à 11 heures 30. Prise des Notams, avec de plus en plus de NDB hors services, dont notre Charlie Mike, et impression du dossier météo. Notre balade initialement prévue sur Béziers devra être annulée, car sur Montpellier ça ne passera pas.

   Midi, on file manger un morceau au resto de l'aéro-club, et dehors c'est une pluie battante qui tombe un petit moment, entre coupée d'éclaircies. Après un bon repas, on reprend le dernier TEMSI et on constate que des TS RA sont annoncés pour la fin de l'après midi. Il est treize heures trente, on ne va pas trainer. Le Metar d'Avignon est correct, on décide de faire un complet sur Alès.

   Prévol effectuée, 75 litres dans les ailes, on file en charlie avec l'information Golf. Décollage en 17, avec un vent du 160 à 15 kt, et en rafale à 22 kt. La rotation se passe impeccable, le léger vent de travers m'impose de mettre un peu de manche au vent et c'est parti. Je reste en montée initiale jusqu'à 500 ft sol pour gagner rapidement du terrain et éviter cette satané onde en seuil de piste, coté Durance. 

    Le vol malgré les éléments est calme.  Une petite turbulence de temps à autre, mais franchement je m'attendais à un vol bien plus agité. Nous voilà déjà à 1500 ft sol, et on file vers Whisky. Je quitte Avignon Tour, et m'annonce sur Rhône Info qui nous gardera jusqu'au bout. On passe Rémoulins, le Pont du Gard et déjà à l'horizon, on commence à observer du grain. Nous volons à 1500 ft sol, QNH à 999 hPa, et nous estimons la couche de nuages à 2000 ft. Sous la surface S, on vole hors nuages, on a largement nos 5 km de visi, donc en VMC je poursuis.

     Uniforme Zoulou passé, je décide de virer à droite de Uzès, on passe non loin du terrain, mais assez éloigné du circuit de piste tout de même. Tiré par le NDB de Alès,je demande au contrôle de libérer 1500 ft pour monter à 2200 ft, altitude de la verticale terrain d'Alès.  Je réalise que ça va être juste, au fur et à mesure que je monte à 80 kts, la couche se rapproche mais stable désormais à 2200 ft, on a encore de la marge. J'avais sous estimé la hauteur du plafond.

      Rhône Info nous demande si le terrain de LFMS en vue. Je réponds par la négative, alors que le contrôleur nous informe LFMS à 4 Nm à midi. La visi aurait baissée ? Non, c'est la couche sur Alès qui est plus basse que ce que j'avais pensé. Ayé, on voit le terrain, on quitte 119.70 et passe avec l'AFIS.

      Je m'annonce à 3 mn de la verticale, elle nous donne les vents. C'est la 01 en service, vent de 4 kt, super, on va se poser et boire un café au sol. Je m'annonce verticale, et là horreur, je vois que le circuit main gauche sera impraticable. Sur notre gauche, une énorme masse nuageuse scotchée au relief ne nous permettra même pas de faire un basse hauteur, c'est pour dire. Dommage que l'appareil photo ne soit pas là, car  le spectacle est superbe, mais sur un plan aéronautique, c'est sauve qui peut.

      Verticale, j'annonce à l'AFIS que je renonce au tour de piste, d'ailleurs vu les choses, elle aurait pu me prévenir au premier contact, mais bon, on s'en retourne vers Avignon City.  Sortie de zone, on repasse avec Rhône Info qui me demande des infos sur la météo d'Alès. Nous voilà reparti sur Uzès, mais je suis obligé de redescendre à 1500 meme 1350 ft au plus bas pour s'éloigner de la couche. On vole parfaitement en VMC, sous les couche même loin de la couche, les nuages sur les cotés sont au même niveau que la couche, donc pas de souci. Le sol est bien en vue.

 

      Arrivé peu avant  Uzès, on commence à apercevoir un rideau devant nous qui couvre toute la largeur de notre champs de vision. Merde, du grain. Je me rappelle des conseils de Patrice qui m'avait bien dit, si tu vois derrière, tu peux le traverser, prends un point de repère juste derrière et une fois ce point atteint, passe au suivant. C'est exactement ce que j'ai fais. Je pense quand même qu'à un moment donné, on est passé sous les 5 km de visi, même si à tout moment j'ai gardé le plein contrôle de l'appareil. On voyait le relief de part et d'autre de notre Cessna, on voyait le sol parfaitement, c'est juste la pluie qui atténuait la visibilité horizontale. La traversée a duré trois à cinq minutes, j'ai chouffé la montre au cas où un déroutement sera à envisager. Le grain traversé, Jean-Pierre et moi nous nous sommes retournés et avons regardé dans la lunette arrière. Un rideau obscur s'éloigne de nous.

    Peu avant Rémoulins, Rhône Info nous informe d'un IFR 500 ft au dessus, en approche de Nimes Garons, on laisse faire, on verra jamais ce trafic, certainement dans la couche.  On quitte peu après 119.70 pour prendre l'ATIS de LFMV et s'annoncer sur la fréquence Tour. Du classique au final, je longe la Durance, vire au dessus de Mistral 7, une basounette à 700 ft, puis une finale avec 25 kts annoncés tout de même. Quelques satanés turbulences en courte, au niveau du golf, et puis un toucher de roue long à exécuter, comme si le vent m'empêchait d'arrondir et me ré haussant en permanence.

     Arrêt moteur après une heure de vol. Malgré un vol qui se voulait plus récréatif, finalement, ce vol a été TRES instructif, sans prise de risque, mais qui m'a permis d'appréhender avec un passager, une météo qui se voulait d'être loin des clichés du CAVOK.

 


Notre tracé du vol