Soirée Vol de Nuit organisée par la fédération française d'aéronautique, la nuit du 18 au 19 septembre 2010.  Mon aéroclub s'est associé à cette grande manifestation nationale, et les installations de LFMV vont rester ouvertes toute la nuit pour cet évènement.

      Arrivé au club après le déjeuner de midi, je passe toute l'après midi au club de simulation aérienne. L'ordre du jour, prochaines manifestations prévues et formation sur les tours de piste, les altitudes et niveaux de vol, avec un brin de phraséologie. Nous terminons la journée devant un verre au bar de l'aéroclub.

      Nous voilà déjà en début de soirée, Patrice puis Christian me rejoigne en vue de notre soirée vol de nuit. Contacts pris un peu plus tôt via le forum des pilotes privés, Clément, pilote à l'aéroclub Clément Ader de Muret (31) nous attend. Leur aéroclub accueille les pilotes en transit avec des boissons, et crêpes faites maison ...déjà j'aime bien ce concept de rencontre autour d'une collation, mais également, un vol sur Toulouse qui plus est la nuit, me laisse aucun doute sur une autre éventuelle destination. Se sera MURET L'HERM.


      La météo prise sur le parcours est bonne. Contrairement aux prévisions de ces derniers jours, nous allons profiter d'une excellente visibilité car il a plu une bonne partie de la journée sur le midi toulousain, et les premiers nuages (Few et quelques Éparses) ne sont prévus qu'au dessus de 5000 ft ... notre altitude de croisière, au vue du relief et des conditions météo, est donc établie à 4000 pieds.

      Coté vent, par contre, on n'est pas gâté. Décidément, depuis quelques vols, j'ai la poisse. Heureusement pour nous, il est concentré entre Avignon et Montpellier. Quelques minutes avant d'établir le plan de vol, un équipage arrivant sur nos installations nous informe un vent de 50 kt à 2000 pieds. Rien que ça !!!



      On aura toute la sortie de la CTR qui sera agitée comme il est fréquent dans ce genre de configuration météorologique, mais après, ça devrait rouler tout seul.  Je ferais donc le vol aller. Pour se faire, Patrice me propose de faire un vol en suivant l'itinéraire conseillé de nuit. Ça rallonge un tontiné le parcours, mais les points à trouver sur la route seront un attrait de plus au vol de nuit.

      A l'aide du complément aux cartes aéronautiques, je consulte les itinéraires VFR de nuit des FIR de Marseille puis Bordeaux pour constituer le log de navigation.

      Nous partons donc de LFMV (Avignon Caumont), puis se sera Bellegarde, verticale Nimes Garons, Uchaud (Nimes), Lunel, verticale VOR Montpellier Fréjorgues, Sète, Agde, Narbonne, Lézignan, Carcassonne, Castelnaudary puis Toulouse. Ce log me fait plus penser à une brochure d'horaires de chemins de fer, plus qu'un log de navigation aérienne !

 
      Il est vingt deux heures quinze, le plan de vol vient d'être envoyé par Olivia. Le vent ne s'est pas calmé, mais peu importe, le Métar n'est pas incompatible avec notre appareil. Le vent est dans l'axe et les quatre cinquième de la navigation seront effectués dans des conditions météo calmes. Nous avons une bonne demi heure pour finir de se préparer avant le départ.
 

   


      J'effectue la prévol extérieure à la frontale. Patrice et Christian plaisantent alors qu'un trafic s'apprêtent à décoller. Nous voici désormais tous à bord. Checks terminées sur cet appareil que je commence à bien connaître. D'ailleurs, ça risque bien d'être la dernière fois que je pilote car ce PA 28 avec qui j'ai passé de bons moments est mis en loterie. Il n'est pas évident que je sois amené à revoler dessus avant le tirage prévu pour le mois prochain.


      Bref, au roulage, manche au vent, nous voici au point d'arrêt. Il est vingt trois heures. Autorisés à remonter la piste, on s'aligne face au vent. Se sera un cran de volet.  Un halo de lumière devant notre appareil permet de m'aligner sur le centre sur la piste, matérialisé par la ligne de pointillée. Le phare de land fait son effet mais vu la longueur de la piste, on se rend vite compte qu'il éclaire pas si loin que ça, et que le balisage de piste est primordial dans ce genre d'exercice.
 


Première partie du vol de nuit

      Ayé, autorisé à décoller, manette de gaz à fond, et l'appareil entame son roulage à vive allure. Puissance affichée, badin actif, pas d'alarme, je poursuis le décollage et à 65 kt, c'est la rotation. La puissance du vent m'a imposé de majorer ma vitesse de décollage et j'ai bien fait. Les roues quittent le sol, et c'est immédiatement les yeux rivés sur l'horizon artificiel que je poursuis ma montée initiale.

      Comme nous nous y attendions, la montée initiale est agitée, mais largement gérable. Ce qui commence à l'être moins, c'est la monstrueuse dérive que l'on prend une fois le virage à gauche pris dans la montée. Vent plein travers, j'estime un vent entre 45 et 50 kt. Nous volons maintenant entre 90 kt et 80 kt au badin, un vent plein travers, et c'est une dérive de 30° que je dois intégrer dans ma nouvelle prise de cap.

      Entre ces satanés rafales générant une bonne turbulence, la nuit et la perte de repères visuels habituels, il est vrai que l'altération de cap pour compenser cette dérive n'est pas évidente au premier abord.

      Nous avons décollé depuis cinq minutes, je stabilise 4000 ft, et nous voici en vue de Tarascon. Les turbulences se calment comme il est souvent le cas à cette altitude là, et c'est désormais en air calme que notre vol va se poursuivre jusqu'à Toulouse. Cette hantise des grands vents qui peut gêner les personnes sensibles au mal de l'air fait rater des vols très sympathiques à vivre ... il faut juste subir les éléments quelques minutes, mais après quel bonheur !

      Je passe les premiers points VFR de nuit, non sans difficulté, c'est pratique d'avoir quelqu'un parmi nous qui connait déjà la position de ces points là.  Car la nuit, qu'est ce qui ressemble le plus à une ville éclairée qu'une autre ville éclairée ?
 


Travers Nimes


      Nous laissons Nîmes sur notre droite, et je poursuis sur les points suivants. Avec Montpellier sur 136.625 Mhz, les trafic VFR volant pour cette manifestation organisée par la FFA se font entendre. Un DR400 au décollage de Fréjorgues va même rejoindre Avignon Caumont ... l'arrivée risque de les surprendre un peu car ici c'est plutôt calme. La visibilité est extraordinaire, et il est marrant de voir déjà des grandes villes éclairées devant nous alors que nous en sommes encore éloignés.



 


Le Grau du Roi à gauche et la Grande Motte à droite


      Montpellier en vue bien avant d'arriver sur Nimes, c'est maintenant les installations de LFMT que nous avons à nos pieds.
 


Montpellier


      Je m'annonce verticale terrain, et prends le cap du point Sierra de la CTR, qui est le travers droit (pour nous) de la ville de Sète. Punaise, que c'est splendide ! dommage que les photos ne restituent pas suffisamment le rendu.
 

 
 Frontignan Sète


      Prochain point devant nous, c'est la ville d'Agde. Ce qui est assez marrant dans ces itinéraires VFR de nuit, c'est que l'on a la sensation de voler à saute moutons de villes en villes, de points lumineux en points lumineux, en laissant entre eux des zones totalement opaques laissant même imaginé que ces villes sont des îles disséminées au milieu d'un océan d'eau noire.

 


Seconde partie du vol de nuit



Nous avons maintenant le Cap d'Agde sur notre gauche et peu de temps après, c'est la ville de Béziers que nous laissons sur notre droite.
 

   

Agde et le Cap d'Agde au second plan


Béziers

 

 
 
Béziers
 
 
Béziers
 
   

      Au retour, nous aurons même la chance de passer quasi verticale le village familial de ma belle famille ...
 


Lespignan
 
Lespignan et au fond Nissan


       Prochain point, c'est la ville de Narbonne. Tout au loin des flashes presque éblouissants, ce sont les grandes éoliennes situées entre Sigean et Leucate. Sur le cliché ci dessous, malgré une qualité altérée par un piètre APN, on distingue la découpe du littoral.  Au premier plan, on voit les lumières de Narbonne, et au second plan, ce sont les villes de Port Leucate, Barcarès, Saint-Cyprien et même Argelès que nous distinguons.
 



       La visibilité est à tomber par terre. Soudainement, nous avons un angle de vue sur le golfe du Lion, et à 4000 ft au dessus de Narbonne, nous apercevons sur notre gauche tout au loin, des lumières qui sont Istres ou Marseille et sur notre droite, Perpignan ! je vois même le phare du Cap Bear qui s'éclaire par intermittence ; c'est tout bonnement hallucinant.


       Désormais avec Toulouse Info sur 121.250 Mhz, je poursuis à 4000 ft vers notre prochain point que nous atteignons moins rapidement que prévus que sur le log de navigation. Nous avons 120 kt au badin mais 90 kt au GPS en vitesse sol. Nous avons un vent de 30 kt dans la poire, mais contrairement au Mistral du début de vol, celui là ne génère aucune turbulence qui vient troubler la plénitude du vol.




Lézigan


       Lézigan passé, nous faisons route sur Carcassonne et sa cité médiévale. J'aurai imaginé que la cité serait mise en valeur mieux que ça, mais finalement se ne sont que les remparts qui nous sauteront aux yeux lors de notre passage.
 

 


       Je poursuis ma route vers la dernière ville de l'itinéraire VFR de nuit, il s'agit de Castelnaudary, où nous avons fait escale le mois dernier, pour le Cassoulet Airport 2010. Le passage à 4000 ft au dessus de la ville me donne l'illusion d'une toute petite bourgade, alors qu'enfant en vacances chez mes grands parents, je voyais cette ville comme immensément grande ; comme quoi ...
 

   
 Castelnaudary Au bout de la flèche, le "Grand Bassin" traversé par le canal du midi


       Désormais à 22 Nm du point Sierra Alpha de LFBO (Toulouse Blagnac), j'entame ma descente gentillement à 200/300 ft minutes pour conserver un badin raisonnable.
 


Dernière partie du vol de nuit
 
 
 Stable à 2500 ft, je passe travers Auterive, et sur ma droite au loin, j'imagine reconnaitre des villes familières comme Montgiscard.

 

   
 Toulouse au loin, travers Montgiscard Toulouse depuis secteur Muret


       Nous sommes maintenant sur Sierra Alpha et j'ai le terrain en vue, ou du moins la piste éclairée.  Je m'annonce à Toulouse Info et demande une directe verticale terrain, m'évitant de passer Sierra Novembre. C'est accordé, et juste à ce moment là, la piste s'éteint. Je quitte Toulouse, passe avec la fréquence de Muret l'Herm, en auto information. Trois coups d'alternat, le PCL fait le reste. Ce dispositif de commande à distance permet depuis son aéronef d'allumer ou éteindre le balisage de piste, selon le nombre d'impulsions effectué sur le push-to-talk de la radio de bord.

       La piste de nouveau allumée, je m'annonce en fréquence, et effectue ma verticale terrain. Ils possèdent un ATIS automatique, et le vent annoncé est d'une dizaine de nœuds, le circuit d'aérodrome n'en sera que facilité. Éloignement d'une petite minute, je vire en vent traversier, puis en vent arrière j'ai récupéré la hauteur de tour de piste. Travers installations, Clément nous contacte pour demander si se sont les "Avignonais" qui arrivent ...

       Maintenant en finale, plan pas évident à estimer sans Papi et surtout avec un sol totalement noir, une vitesse tenue au badin mais faussement estimée visuellement, le balisage de piste donnant la méchante illusion que l'on arrive bien plus vite que d'habitude, un arrondi un poil tardif car surpris par la soudaineté de la piste, et nous voici déjà au sol.

       Après deux heures de vol bloc à bloc, je coupe le moteur à la station pour avitailler. Nous avons largement de quoi faire le retour, mais de nuit, Patrice préfère que nous repartions avec les réservoirs pleins.


       Clément nous aide à avitailler, on règle l'administratif et nous dirigeons au Pool House. Nous faisons connaissance du président, Eric et du chef pilote, Thierry. Nous entamons de longues discussions, autour de boissons et crêpes faites maisons. L'ambiance est agréable et l'accueil de nos hôtes ne nous font pas regretter cette escale. Les discussions vont bon train et l'heure tourne ...
 

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       Il est presque trois heures du matin, et il est temps de nous rentrer sur Avignon. Nous remercions toute l'équipe présente pour leur accueil sympathique et chaleureux, car nous avons passer un bon moment en leur compagnie. Plan de vol déposé sur Olivia, dans les locaux de l'aéroclub de Muret, et c'est Christian qui fera le retour, dans le cadre de sa formation PPL. Patrice termine la prévol, je m'installe confortablement à l'arrière ... il est temps pour moi de filmer notre vol retour.


       Ce dernier se voudra plus direct avec une altitude de croisière identique à celle de l'aller. On décolle de Muret à trois heure et demi, report verticale terrain puis une directe sur Lézignan Corbière, bien aidé par un vent arrière qui nous a fait défaut à l'aller.



Une vitesse sol appréciée

 
       Sera suivi d'une verticale Fréjorgues, puis une directe Avignon, où Patrice posera notre Piper dans une arrivée dantesque. Un vent de 25 kt annoncé par la tour, qui se révèlera très turbulent dès la vent arrière. J'ai tenté de filmer cette approche, en solidarisant la caméra à la cellule. On ressent bien les baffes qui nous prenions à chaque rafales.

       Pour ceux qui ont le mal de mer, éviter de regarder la fin du film.   ;-)

       Un retour plus rapide, avec 1h45 bloc à bloc.  Toulouse Avignon en moins de deux heures, ça va me donner des idées pour organiser une sortie entre amis pour visiter les usines Airbus, et tutti quanti.
 

 
Vidéo du vol retour - Attention qualité très médiocre