Après le déjeuner pris sur place au restaurant du terrain, que nous recommandons à tous pilotes en transit dans le coin, on décide de repartir car la météo annoncée en début de soirée sur Avignon n'est pas terrible, et un retour en vol de nuit ne serait pas raisonnable (On Top interdit). Du coup, je mets en route vers 14 heures trente. Le vent est toujours aussi calme, la température est clémente avec une vingtaine de degrés, je roule pour la piste 36.


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      On remonte donc la longue piste pour venir s'aligner face au nord. Un dernier appel à la radio en auto-information, et c'est parti. La machine s'élance rapidement, et nous voilà en montée pour le FL095. Initialement, je comptais monter rapidement avant le premier contact avec le SIV. Le problème, comme souvent en aviation légère, les choses évoluent différemment. Premier contact avec Toulouse Information, le fort trafic à Blagnac nous impose soit un évitement de la classe C par Agen puis Gaillac soit tirer droit mais à 2000 ft QNH en effectuant le transit publié de la CTR de Blagnac. Je réfléchi rapidement et quitte à allonger notre temps de parcours, autant se faire plaisir et survoler Blagnac. La dernière fois, je l'avais fait en Cessna 152 avec Christian de retour d'Agen, nous étions en VFR Spécial et les conditions pourries de la météo ne nous avait pas permis de profiter du survol des infrastructures.

        Cette fois, c'est différent, il fait beau et on va en profiter. Laurent pourra filmer au caméscope ce transit là. Je confirme au SIV qu'on est preneur d'un transit à 2000 ft sur Blagnac, dont l'extrait de la carte VAC est lisible ci dessous :
 

 

 

      On passe Pibrac, et les usines Airbus sont parfaitement identifiables surtout avec le nombre de machines visibles sous nos pieds. Pour des amateurs d’aéronautique comme nous, c'est un peu le survol de Disneyland en quelque sorte ... imaginez un ricain survolant Seattle et les usines d’assemblage des Boeing  ! Bref, en fréquence avec la Tour depuis Whisky Hôtel, l'ATC me demande de passer au seuil des pistes 32 car un Airbus est déjà en finale ... effectivement, nous voilà croisant les axes au niveau du seuil et sur notre flanc droit, les phares d'un liner établi en finale, punaise c'est un souvenir marquant. Laurent a immortalisé cette séquence, moi étant bien évidemment rivé sur mes commandes, car face à nous, un monomoteur 500 ft plus haut va nous croiser sur le même itinéraire.

       J'ai un profond respect pour nos contrôleurs mais là faut admettre qu'on est sous contrôle d'un gars qui a de la boutique, du métier et du sang froid. J'ai connu des situations semblables où au dernier moment de franchir les axes avec un trafic établi en finale, on te demande de passer derrière lui (euh oui, j'ai pas la fonction stationnaire sur mon Cessna) ou alors de faire un 360° de retardement à 150 m des axes ... ici, pas de problème pour notre ATC, on passe juste devant le nez du trafic établi, 2000 ft au dessus de lui pour éviter de lui faire sonner son TCAS ... le top pour un pilote du dimanche de vivre de telles émotions !

       
       Comme demandé, je rappelle les axes dégagés et poursuis vers le nord. Trafic établi sur le même itinéraire mais 500 ft plus haut, je conserve mon cap et laisse les points Echo Alpha et Echo Bravo sur notre gauche. On quitte la tour et passons un temps avec la Tour de Toulouse Lasbordes avant de revenir avec le SIV qui nous autorise au niveau 100, toujours en biveau IFR. Bein ils aiment ça à Toulouse.

      Quittons les zones de Toulouse et passons avec Montpellier qui nous fait grimper au FL105 et nous accorde une directe LFMV ... en plaisantant avec Laurent, on se demande bien jusqu'où ils vont nous faire monter comme ça. Le reste du vol se passe sans encombre, avec une vitesse sol oscillant entre 125 et 135 kt. Cette machine a un rendement exceptionnel à cette altitude là. Bon nous voilà maintenant à 60 nautiques d'Avignon,  je demande à amorcer ma descente. L'ATC nous demande de stopper au FL085. Surpris par cette décision, on comprendra 5 minutes plus tard la raison. Un Airbus A321vient de décoller de Montpellier (LFMT) et sa montée est stoppée au FL060 car nos trajectoires sont convergentes. Là on est dingue à bord de notre Cessna, quand le contrôleur demande au pilote Air France de nous chercher dans ses 10 heures 2500 ft plus haut ... et de même pour nous. On croise l'Airbus en lui passant au dessus, c'est pas commun de voir une telle machine vous passer dessous, et une fois le trafic croisé, le contrôle lui accorde la montée au FL140 !  Laurent a filmé tout ça également ...

     De là, nous sommes autorisés à poursuivre notre descente. Avec Rhône Info, je demande une verticale Novembre-Golf (le NDB de Nîmes) pour éviter les zones  militaires du nord de la ville. Nous arrivons rapidement dans la CTR d'Avignon où notre passage sous les 4000 ft se fait ressentir en terme de turbulences. Le Mistral n'a pas baissé depuis ce matin. Néanmoins, l'atterrissage n'est pas trop mouvementé, pas évident peut être pour un passager sensible en avion, et je fini par couper le moteur au parking club après une heure cinquante de vol, bloc à bloc. Au final, super journée aéronautique, où les deux branches intialement devaient nous faire passer aux mêmes endroits, et pourtant nous avons eu la sensation d'avoir fait deux vols réellement différents.